de l'irrégularité dans la nature

Je bibliote, je bibliote et une évidence assourdissante s'impose:

s'il est commode pour la plupart des gens d'imaginer à quoi ressemble un gecko, un ostracode, une surface protéique ou un algorithme, il m'est apparu que l'imagerie populaire est désespérément pauvre en références aux oursins irréguliers.

Cela vient sans doute de la difficulté à définir l'irrégularité.

L'oursin rond, visage familier aux juilletistes, compagnon des jeux de plages des aoûtiens, est par définition régulier, irréprochable. Qu'attend dès lors le citoyen lambda d'un oursin irrégulier? Qu'il soit sans permis de séjour sous nos latitudes? Intermittant du spectacle du vivant, ou travailleur au noir sur les chantiers de l'évolution? Ce n'est malheureusement pas si simple; et lorsque le même citoyen lambda s'aperçoit qu'il n'y a rien de plus régulier qu'un oursin irrégulier, ses certitudes s'évanouissent, il est seul et désemparé.

Car, oui, un oursin irrégulier reste malgré tout bilatéral, comme nous, nous qui jugeons, nous qui qualifions tout être et toute chose. Mais n'oublions jamais que notre bilatéralité elle même peut être irrégulière, ne le constatons-nous point chaque jour lors de nos ablutions matinales?


Ce commentaire me permet de frimer en diffusant deux documentaires fait par moi-même sur les conditions de vie des oursins irréguliers à Madagascar.





Aucun oursin n'a été blessé pour le tournage -
Cascades réalisées sans trucage - disponible à la location.